Une vraie justice pour les captifs des cirques ! – Le scandale Poliakov

Micha au refuge de la Tanière

Nous avions attiré l’attention sur lui depuis quinze ans, mais l’ours Micha est mort à cause de la surdité, de l’immobilisme des autorités. Car la nouvelle de son décès est tombée, durement, le 12 novembre dernier. Notre mobilisation pour sauver cet ours victime (voir Noé 96), lui a certes permis de bénéficier de la meilleure prise en charge possible, au zoo-refuge de la Tanière. Merci à eux d’avoir employé toute leur énergie à secourir le pauvre animal, rongé par les asticots infestant les plaies de ses pattes, ses poumons, ses narines ! Sa peau couverte de lésions, sa gueule édentée et ses gencives infectées laissaient présager le pire. Des examens ont vite confirmé un état de santé désastreux, révélant un cancer généralisé et plus aucune chance de survie, alors que ses « maîtres » l’exploitaient encore il y a peu en public. Micha aura mangé à sa faim, reçu des soins et non des coups ou l’indifférence, avant de s’éteindre… Mais est-ce rassurant pour tous ceux qui restent en cage ?

Glasha

Bony

Car il aura fallu tout ce temps, produire des images insoutenables après tant de témoignages et d’expertises pour que le ministère de la Transition écologique et solidaire ouvre les yeux, que les autorités entendent nos appels ! Notre action a finalement permis que la préfecture du Loir-et-Cher autorise, en novembre 2019, le placement de Glasha et Bony, les ex-compagnons de cachot de Micha. Mais dans quel état ? Pour l’heure, la préfecture musèle les centres de soins où ils ont été placés. Nos experts ont déjà diagnostiqué chez ces deux ours bruns de graves infections, des tumeurs, sans parler de leur immense détresse psychologique. Nous continuerons de nous battre pour eux et tous les autres prisonniers qui restent encore, incompréhensiblement, la « propriété » de ce couple de dresseurs. Nous portons également plainte contre la préfecture du Loir-et-Cher pour faute et inaction, en réclamant des dommages et intérêts destinés aux refuges. Par notre voix, tout le monde sait depuis longtemps l’enfer enduré par les esclaves du couple Poliakov, mais les autorités préfèrent fermer les yeux : l’État doit ici être mis face à ses responsabilités !

Le combat n’est pas terminé, notamment pour la petite guenon Mina, que nous avons filmée de nuit dans l’antre des dresseurs.

Le drame de Micha, tout comme celui d’autres victimes des circassiens, souligne les dysfonctionnements des services d’inspection vétérinaire des Directions départementales de la cohésion sociale et de la protection des populations (DDCSPP). Pourquoi attendre que notre association mandate des experts vétérinaires indépendants et publie des images d’enquêtes pour tirer la sonnette d’alarme ? Les autorités sont-elles donc aveugles aux pires souffrances et manquements graves à la législation en vigueur ? Nous avons interpellé la ministre Elisabeth Borne en date du 14 novembre 2019 sur ces défaillances, en proposant des mesures d’urgence : création d’une autorité et d’un réseau d’experts vétérinaires indépendants mobilisables à tout moment pour mieux contrôler les établissements et organiser le retrait des animaux si nécessaire… en attendant la fin de l’exploitation des animaux sauvages par les cirques.