On s’amuse de tout au Cirque de Rome, y compris avec la législation et la dignité animale. Un spectacle bien grossier pour notre époque…
Ils sont là, sous nos yeux, détenus et exploités, parfois simplement exhibés comme des curiosités. Captifs, ces animaux sont pourtant sauvages par nature. Il est incompréhensible qu’un État se disant éclairé n’entende pas la souffrance de ces êtres sentients.

Les humains ont-ils un complexe d’appartenir à l’ordre des primates qu’il leur faille humilier leurs proches cousins ? C’est ce qui semble être la politique du Grand Cirque de Rome… Ici, on avilit au maximum les singes pour amuser la galerie. En octobre dernier, nos enquêteurs ont à plusieurs reprises filmé des « représentations » aussi consternantes que scandaleuses sous ce chapiteau ! Affublés de tenues ridicules, deux macaques se plient à tous les fantasmes du dresseur et préfèrent s’exécuter que de risquer la punition en coulisses. Les voilà forcés d’adopter la bipédie, de se transformer en funambules, de conduire une voiturette, de monter sur une trottinette ou un tricycle. Leur dompteur jubile, la foule s’esclaffe, les petits clowns tristes saluent.
Expertise et dépôt de plainte


Le pire est à venir : lors d’un autre numéro, deux macaques enchaînent les tours de piste, les quatre membres attachés, sur des poneys ! Dans un état de panique extrême, risquant à tout moment de tomber et de se faire piétiner, ils font l’épreuve de la vitesse, des sauts, des cabrioles, des hurlements, des claquements de fouet. Nous avons soumis ces images à la Dre Siân Waters, éminente spécialiste des primates captifs et sauvages. Son expertise confirme que ces singes subissent de véritables épreuves physiques et psychiques car le port de vêtements, la marche debout, les mouvements entravés, les mettent en danger ! Le spectacle fini, ces macaques se retrouveront séquestrés aux côtés d’autres animaux dans des cages et enclos dénués d’enrichissements. Ayant ici constaté de nombreuses infractions à la loi, nous avons porté plainte contre le propriétaire du Grand Cirque de Rome, pour que cessent ces terribles pitreries !
Chirkane le sacrifié

Le lion Chirkane est mort, après des années de lutte pour crier son mal-être et de tentatives pour sauver ce frère séparé d’Elyo. Nous le savions en danger depuis sa rébellion contre son dresseur en mai 2017, alors que le cirque se produisait sur un parking près d’Amiens. Nous avons remué ciel et terre pour savoir ce qu’il lui était arrivé, pour éviter l’euthanasie. « Difficile de comprendre pourquoi il a attaqué son dompteur alors qu’ils travaillent ensemble depuis des années », expliquait à la presse locale un membre du cirque au lendemain du drame. « La saison des chaleurs, l’odeur de l’herbe sur laquelle ils jouaient et sur laquelle un chien aurait pu uriner, la météo changeante ?… Ce qui est sûr, c’est que pour ce lion la piste, c’est fini. Il sera probablement placé dans un zoo ou ailleurs ».
Eh bien non : un courrier préfectoral, daté du 21 novembre 2019, est enfin arrivé pour nous annoncer l’irréparable. Adieu, Chirkhane, abattu pour avoir exprimé ta détresse, t’être comporté en lion libre. Cette tragédie renforce notre détermination à nous battre contre la cruauté humaine, qui emprisonne et assassine, sans comprendre.
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