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Bien que persécutés par les humains depuis des siècles, les loups reviennent vers eux, convaincus d’une réconciliation possible. Écoutons ces messagers de paix !
Leurs appels peuplent nos songes depuis la nuit des temps. Auréolés de mystère, les loups ont toujours fasciné les humains. Et réciproquement. Entre eux, cela débute comme une belle histoire. Celle de grands prédateurs, issus d’espèces distinctes, destinés à se connaître, à découvrir le monde et à évoluer ensemble. Malgré, et même grâce à, leurs différences. Dès la Préhistoire, Canis lupus et Homo sapiens s’épient, s’observent, s’admirent, se cherchent, s’apprivoisent. Si l’on en croit les plus récentes études archéologiques et génétiques, nos ancêtres auraient appris à vivre pacifiquement avec les loups bien avant de savoir cultiver la terre. Ils les ont respectés, vénérés. Et les canidés le leur ont bien rendu. Qui des uns ou des autres a vraiment fait le « premier pas » ? Les experts ne s’accordent pas systématiquement, mais la théorie de la « double domestication » semble mettre tout le monde d’accord… Le désir de rencontre sommeillait des deux côtés ! Selon les continents, ce sont tantôt les loups, tantôt les humains qui ont amorcé le mouvement de rapprochement. Dans tous les cas, l’entente en découla. À tel point, qu’après une longue période de cohabitation harmonieuse, une proximité grandissante donna naissance aux chiens.
De compagnons à « bêtes à abattre »
Hélas, comme dans tout conte de fées, l’injustice et la cruauté s’en sont mêlées. Un malin génie s’empara de l’esprit de nombreux humains pour les convaincre de régner sur la « création ». En France, c’est au Moyen-Âge que le mauvais sort fut jeté. Ceux qui se prenaient encore pour des sages tentèrent d’assujettir à peu près tout ce qui pouvait leur rappeler leurs origines et leur propre animalité. Cette mégalomanie les poussa jusqu’au combat suprême : la guerre fratricide ! Les loups, nos jumeaux d’hier, devinrent « bêtes à abattre ». Désormais perçus comme une menace qui ébranlait Homo sapiens dans ses nouvelles certitudes et sa prétendue supériorité, symboliquement frappés d’« excommunication » par l’Église, les loups furent honnis, conspués. Il fallait non seulement les chasser comme un mauvais souvenir, mais surtout les anéantir ! Et ce, très concrètement. Pour justifier les massacres, on les accusa de tous les maux, on les transforma en monstres sanguinaires, égorgeurs de brebis et dévoreurs de petits-enfants, on vit dans leurs yeux dorés le regard du diable ! Même le siècle des Lumières n’a pas su mettre un terme à ces diffamations et les boucs émissaires ont traîné leur réputation aussi mensongère que sulfureuse jusqu’à l’époque moderne. Reflets de toutes les peurs, objets de tous les fantasmes, cibles de toutes les haines, nos ex-compagnons ont ainsi été traqués, tués, littéralement persécutés. Et en 1939, la France pouvait s’enorgueillir d’avoir abattu le dernier représentant de merveilleux mammifères installés sur notre territoire depuis 400 000 ans…
Survivants de l'enfer
500 loups qui tuent pour se nourrir n’auront jamais l’impact d’un million de chasseurs qui tuent pour s’amuser. Si les loups prennent leur part vitale sur les populations d’ongulés, ils ne les ont jamais fait disparaître ! Au cœur des écosytèmes, les loups leur sont même indispensables.
Les martyrs n’avaient cependant pas dit leur dernier mot. Bien qu’exilés jusqu’aux confins de l’Europe occidentale, leurs descendants sont parvenus à la recoloniser « à pas de loup » et à franchir de nouveau les frontières de l’Hexagone en 1992, pour la plus grande joie des amoureux de la nature. Grâce à différents textes de loi, notamment la Convention de Berne en 1979 (ratifiée par la France en 1990), ces canidés sauvages ont fini par être réhabilités et réglementairement protégés. Mais si ce dispositif juridique a encouragé leur timide retour dans les montagnes, c’est avant tout à eux-mêmes qu’ils doivent leur survie. Il faut indéniablement beaucoup de bravoure, de patience et de capacité de résilience pour supporter l’insupportable, le surmonter et se redresser… Pendant tous ces siècles où les humains se sont acharnés contre eux, les ont avilis, les loups ont résisté avec une remarquable intelligence. Plutôt que de s’entêter face à l’hostilité, ils ont quitté leurs anciens refuges, exploré d’autres horizons, se sont accommodés de nouveaux biotopes et climats. Et c’est avec la même souplesse extraordinaire qu’ils ont su adapter leurs régimes alimentaires et la taille de leurs portées en fonction des différents habitats adoptés.
L’amour comme ciment
Parmi les immenses qualités de ces animaux, il en est une qui les rend particulièrement attachants : leur sens inouï de la solidarité. Car chez les loups, et contrairement aux idées reçues, on se soutient. Quand la mort rôde et s’abat sur l’un des leurs, tous les membres de sa communauté sont frappés en plein cœur. Ils s’épaulent de leur mieux dans l’adversité. Car il n’y a pas plus soudé qu’une meute. Celle-ci n’est autre qu’une grande famille où chacun forge sa propre voix tout en chantant à l’unisson. Dès leur naissance, les petits sont nourris au biberon de la tendresse. Chéris par leurs parents (le couple fondateur alpha), protégés et éduqués par l’ensemble de la tribu, ils savent ce qu’aimer veut dire. Et ce maître-mot les guide tout au long de leur existence. Y compris lorsque âgés de 2 à 5 ans, les jeunes – suffisamment armés pour subvenir à leurs besoins seuls – partent à l’aventure pour former à leur tour un nouveau groupe.
Animaux dignes de respect
Animés de nobles intentions, pétris d’empathie, discrets, courageux, les vrais loups sont bien éloignés des mythes et légendes. Si leur condition de carnivores les oblige à s’alimenter de viande, ils ne font preuve d’aucun sadisme pour autant. S’il leur arrive de croquer un mouton d’élevage, d’autant plus que celui-ci n’est pas bien gardé, doit-on pour autant leur interdire le droit d’exister ? Ceux qui leur lancent encore la pierre sont les mêmes qui ne voient aucun mal à engloutir le reste du monde vivant… En revenant vers nous, en nous pardonnant nos erreurs, les loups nous montrent, à l’évidence, un autre chemin. Un chemin d’ouverture et de tolérance dont les plans ont été dessinés par leurs aïeux et les nôtres, par nos ancêtres communs, à l’époque où ils étaient frères et partageaient avec respect les mêmes territoires…
Contre une tuerie organisée
La logique politique et administrative actuelle multiplie l’abattage des loups, car ennemis publics n°1 d’éleveurs subventionnés sur les dégâts d’une prédation naturelle et sur les moyens d’y remédier…mais non mis en œuvre. En laissant des troupeaux extensifs à l’estive sans protections, il est plus simple de crier au loup, espèce elle-même protégée et aux populations fragiles. 111 loups abattus au moment où vous lisez ces lignes (les quotas 2017 étaient de 40), c’est 20 % d’une population viable très théorique ! Chaque coup de feu peut briser une meute, laisser des louveteaux sans mère, éclater l’aire de répartition des survivants.
Le fusil n’est donc pas la solution et One Voice s’y oppose ardemment. Depuis février 2018, pas moins de dix recours et plaintes ont ainsi été déposés en justice, en première instance, en appel ou auprès du Conseil d’État, contre des arrêtés organisant le cadre, les seuils du plan loup ou des battues organisées à la va-vite pour éteindre la grogne d’éleveurs locaux. Un travail titanesque pour notre association, mais indispensable pour limiter la dérive des atteintes portées à cette espèce pourtant protégée.
Notre mission est aussi pédagogique : relayée de façon alarmiste par les médias, la prédation naturelle des loups sur des animaux d’« abattoir » devient un enjeu qui masque leur légitimité à partager l’espace avec nous. Leur présence, atout pour les écosystèmes, a un prix que les citoyens acceptent quand nos militants discutent avec eux, tracts et guides informatifs en main. Stop à leur extermination !
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