Nous en savons plus sur la mort d’Aïcko. Notre pauvre « Petit amour »(1) a péri noyé, asphyxié, le larynx disloqué. Les images de cette abominable agonie ne nous quittent pas. Elles nous poussent à faire toute la lumière sur ce drame que nous ne pouvons accepter comme conséquence d’un malheureux hasard…
Souvenez-vous. Depuis plusieurs mois, nous surveillions l’état de santé de Galéo, qui subissait les agressions des autres dauphins, lorsque nous avions remarqué l’extrême maigreur de son petit frère Aïcko. En juin 2016, nous avons donc porté plainte pour mauvais traitements pour eux deux. Mais malgré les procédures entamées, malgré un constat d’huissier, le juge avait refusé de voir l’urgence à agir. Et le 6 novembre 2016, nous apprenions le décès du petit dauphin. Dès lors, nous avons poursuivi nos démarches, car ce qui lui était arrivé devait être connu ! Nous avons donc obtenu qu’une expertise soit réalisée, à nos frais. Elle aura pris un an… Si la souffrance d’Aïcko demeure indubitable, certaines conclusions de l’expert nous laissent perplexes.
Une mort terrible…
Les mots nous manquent pour décrire le calvaire d’Aïcko lors de ses dernières minutes. Il venait d’être nourri de force, avec des poissons entiers, quand il aurait dû être alimenté par sonde avec de la nourriture broyée tant il était faible. Il vomissait par l’évent lorsqu’on l’a remis à l’eau – contre toute logique ! – et a commencé à se noyer, puis s’est jeté contre un mur.
En mémoire d’Aïcko, et pour toutes les victimes des delphinariums, nous obtiendrons gain de cause !
L’autopsie a montré que son larynx était disloqué… Une conséquence évidente du nourrissage en force, d’après le Dr Pierre Gallego, vétérinaire spécialiste des cétacés et consultant pour One Voice. Pas pour l’expert… qui à la fois convient que l’asphyxie puisse être liée à une fausse route, mais suggère que la dislocation ait pu intervenir après le décès !
Une certitude demeure, notre petit amour est mort noyé et le rapport d’autopsie présente de nombreuses imperfections. Là-dessus, tout le monde est d’accord. Mais difficile de faire autrement, après l’avis rendu à notre demande par deux sommités dans le milieu ! Notons néanmoins qu’effectuer une autopsie imparfaite, c’est se préserver de conclusions qui pourraient confirmer des erreurs dans la prise en charge de la maladie d’Aïcko…
Précédée par des mois de souffrances
Non seulement Aïcko maigrissait, mais il devait faire face aux multiples agressions des autres dauphins. L’expert en a noté environ une par semaine ! Mais nous l’avions déjà constaté. La Dre Naomi Rose, célèbre spécialiste des mammifères marins, que nous avions emmenée voir Aïcko juste avant sa mort, a attesté des multiples blessures caractéristiques en « coups de râteau »… D’après le Dr Gallego, cela l’a affaibli au point de tomber malade. Et rien à voir avec ce qui se passe dans la nature comme voudrait le faire croire l’expert : Aïcko n’avait pas d’autre choix, il était enfermé avec ses agresseurs et ne pouvait pas les esquiver ni les fuir ! Ironie suprême, l’expert considère même que la captivité permet d’éviter le stress de la recherche de nourriture ! Voilà une conception très personnelle du bien-être. Mais la vie en prison ne peut être que source de joie et d’épanouissement, n’est-ce pas (sic) ?
Un suivi très approximatif
Le suivi médical d’Aïcko, pendant qu’il dépérissait, est choquant. Depuis son arrivée au delphinarium, ses analyses indiquaient qu’il était déshydraté, anémié, et qu’il souffrait d’une inflammation, sans que rien de concret n’ait été fait pour y remédier ! C’est ce que souligne le Dr Gallego, références récentes à l’appui, quand l’expert le nie en s’appuyant sur des données d’il y a trente ans… Même quand il a commencé à maigrir, personne ne s’en est inquiété. Il aura fallu cinq mois, et qu’il perde 25 % de son poids initial, quand il aurait dû grossir et grandir, pour que l’on s’occupe de lui. Moins d’un mois, donc, avant sa mort…
One Voice en colère
Nous sommes profondément choqués par les conclusions déroutantes de l’expertise réalisée. Pour One Voice, qui travaille avec des spécialistes des cétacés de renommée internationale, une contre-expertise est nécessaire. Nous contestons ce rapport et nous allons saisir le juge à nouveau.
1. Traduction de son nom japonais
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