En quête de liberté

C’était au temps où son frère Chirkane était encore là… Elyo, tout contre lui, gardait le goût de vivre malgré la captivité. Depuis la disparition de son frère, il avait sombré : sa libération du cirque est intervenue à temps !

Victoire pour le lion Elyo, sauvé du cirque ! De plaintes en recours, nous multiplions les actions pour tous ces autres animaux réduits à l’état d’objet. C’est notre combat, pour leur liberté.

One Voice était encore en ce début d’été au ministère de la Transition écologique et solidaire pour porter la voix des victimes du cirque. Des tractations pour des cirques sans animaux qui sont loin d’être gagnées, tant compte le poids du lobby des circassiens. Mais le public fuit les chapiteaux avec animaux, de moins en moins nombreux, et la mobilisation citoyenne va l’emporter !

Au-delà de ces terrains d’action, nous sommes surtout auprès de chaque individu, à informer sans cesse sur la réalité vécue par les animaux confinés au néant.
Ainsi, après la saisie de Jumbo empêchée par la violence des circassiens (voir Noé 94), nous espérions un rebond avant l’été. Le procès a été reporté fin novembre. Une date bien lointaine pour cet hippopotame qui passera encore tout l’été dans son camion, exposé de ville en ville !
En cette période de canicule, Jumbo va souffrir de la chaleur comme tous les autres captifs des cirques itinérants. Alors nous le suivons, pour évaluer ses conditions de vie, mesurer les températures qu’il subit et alerter les autorités et le public. Ce n’est pas de sitôt, surtout avec un tel temps, que nous abandonnerons Jumbo !

Nous avons en revanche été entendus concernant Elyo, lion qui vivait une véritable descente aux enfers et dont nous vous avions parlé dans nos deux derniers Noé. Elyo survivait enfermé dans un réduit bien trop exigu et depuis plus d’un an nous agissions pour ce fauve séquestré : images et expertises concluaient toutes à une rare détresse.
Isolé, à l’écart du spectacle et dans le noir car les portes de sa cage, aux barreaux de laquelle il heurtait jusqu’au sang son visage de roi, étaient souvent closes. Elyo avait sombré avec l’absence de Chirkane, son frère détenu avec lui mais qui a disparu (nous le cherchons !) depuis qu’il s’est rebellé contre leur dresseur commun. Pour lui, nous avions lancé une pétition sur Internet.
Quand le tribunal de Laval a classé sans suite notre plainte initiale, déposée en 2018 et pourtant solide, nous avons été estomaqués. Car le procureur avait ordonné qu’il soit vu par un vétérinaire expert, choisi par lui, et ce dernier avait conclu qu’« Elyo se mutilait volontairement faute de ne plus pouvoir supporter sa captivité, sa solitude ». Des mois de bataille sans faillir furent nécessaires pour obtenir copie de cet avis d’expert.

Dès que nous l’avons reçu, nous avons déposé une nouvelle plainte et cette fois avons choisi de débourser 3 000 euros pour être certains d’obtenir une nouvelle audience sur ces bases. Choix judicieux (mais il faut donc payer pour que justice passe) car peu après notre intervention, Elyo a été placé dans un « zoo-refuge » à la demande des services vétérinaires.
Certes, nous aurions préféré qu’il foule les terres du sanctuaire africain que nous avions envisagé pour lui. Mais si, à l’heure actuelle, Elyo est libéré du cirque et peut se remettre de son calvaire, pour lui ce n’est pas une petite victoire ! Pour sanctionner les différents actes de cruauté dont ce lion a finalement été victime, et il faut ici faire jurisprudence, nous serons présents au procès qui se tiendra le 18 octobre, et comptons bien que ses deux dresseurs y soient condamnés.

Maya, Lechmee, Elyo… Ces récentes libérations obtenues incitent à poursuivre notre démarche et signaler chaque cas dramatique (mais ne le sont-ils pas tous ?) auprès des agents de l’État et de la justice.
Nous pensons à Samba. Depuis 2002, One Voice se mobilise pour elle, face à un mur de silence. Or les dernières images de Samba la montrent plus maigre que jamais, gisant sur l’asphalte d’un enclos minuscule dénué de tout enrichissement. Nous avons donc engagé une nouvelle procédure contre la préfecture des Bouches-du-Rhône, où son cirque est enregistré, et qui a toujours fait la sourde oreille à nos appels durant toutes ces années. L’état de Samba, à bout, est désormais tel que nous avons le réel espoir d’obtenir gain de cause lors de prochaines audiences. Mais pourquoi faut-il en arriver là ? •