Leur destin ? Esclaves à vie… Suivis de cirque en cirque pour surveiller leur état de santé, leurs conditions de détention, ces animaux déclarés bons pour le service par des autorités trop complaisantes avec leurs exploiteurs, sont pourtant en souffrance.
Souvenez-vous, c’était en septembre 2017… Forts des prises de position du ministre Nicolas Hulot, clairement peu favorable aux cirques avec animaux, nous avions écrit au ministère de la Transition écologique et solidaire et à celui de l’Agriculture et de l’Alimentation. Comme déjà expliqué en réunions à leurs représentants, nous réclamions l’annulation de l’arrêté « cirques » publié en 2011, afin que soit aboli l’esclavage des animaux sauvages dans les spectacles itinérants.
N’ayant pas reçu de sans réponse, nous avons saisi le Conseil d’État pour faire avancer le dossier. Contre toute attente, le ministère de la Transition écologique et solidaire a déposé un mémoire récusant en totalité nos demandes… Ainsi, les décideurs, censés défendre la cause animale et la biodiversité, dénient la souffrance des martyrs du cirque, reconnus « être sensibles » par notre Code civil mais demeurant en pratique des « objets » sans véritable personnalité juridique.
Alors que de nombreux pays adaptent leur réglementation aux évidences, aux dernières études scientifiques indépendantes autour du concept de bien-être animal, la France, elle, s’arc-boute sur ses positions d’un autre âge. Nous ne nous résignons pas à cette fatalité.
Des positions surréalistes
Quand les êtres vivants sont perçus comme des objets, la loi du business peut perdurer. Le poids économique des troupes circassiennes fait ainsi des miracles. Bien que soutenues par la majorité des Français, même les municipalités interdisant les cirques avec animaux sur leur territoire peinent à faire respecter leur choix.
Le Syndicat National des Arts du Cirque traduit les maires « rebelles » en justice, avec l’aval des préfectures, au nom de la libre entreprise, insultant ou attaquant quiconque refuse de cautionner de tels spectacles chez soi.
Vous aussi, soutenez vos édiles : faites-leur suivre notre projet d'arrêté !
Chaque semaine, nous adressons aux villes qui le demandent le projet d’arrêté élaboré par notre équipe juridique, dont les mesures, à l’inverse d’autres, peuvent résister à de telles attaques. Vous aussi, vous pouvez les faire suivre à vos édiles, nous demander de les soutenir ! Sur le fond, favorable ou non, chaque décision ouvre de nouvelles pistes qui permettront bientôt de revoir l’ensemble de l’édifice légal et son interprétation par les tribunaux. Sur ce front juridique et auprès des maires, One Voice travaille activement à une éthique et des textes nouveaux, et aucune de nos actions n’est vaine !
One Voice ne courbe pas l’échine
Sur le terrain, nous restons auprès des animaux persécutés, par nos enquêtes et campagnes alertant sur leur sort des individus et dénonçant les cirques qui les exploitent si durement. En décembre dernier, nous avons manifesté devant l’American Circus, cirque de taille industrielle installé au parc des expositions de Villepinte (95) et qui produisait ce jour-là les éléphantes Mina et Kamala en un spectacle grotesque.
Sur place, nous avons pu sensibiliser parents et enfants au calvaire des éléphants, lions et tigres détenus … Le message est passé : acheter un billet pour de tels spectacles, c’est financer une souffrance fardée de paillettes !
Nous suivons aussi La Piste aux étoiles, cirque d’où nous avons extrait Maya, mais où ses anciens codétenus souffrent encore. Images fortes, relayées par M6. On y voit végéter les animaux dans des conditions de captivité épouvantables. Ici, dans des cages aux barreaux rouillés, les fauves et les babouins macèrent dans leurs déjections, sans quasiment pouvoir se déplacer, ni s’occuper. Les éléphantes Nelly et Brigit stagnent sur le macadam des heures entières, sans distraction ni refuge pour se reposer. Ceci, les vétérinaires mandatés par les autorités ne l’évaluent même pas. Mais nos expertises indépendantes et qualifiées, elles, portent leurs fruits : munis d’évidences médicales, signées des meilleurs spécialistes, nous retenons l’attention des tribunaux… quand le ministre reste sourd.

Justice pour Mévy ?
Ce mois de février 2019, One Voice plaide, et plaidera encore, pour que les responsables de la mort de Mévy soit sanctionnés (impossible pour nous d’accepter le classement sans suite de cette affaire). Notre plainte initiale a permis de savoir comment cette tigresse échappée du cirque Borman, installé dans Paris, a été abattue en novembre 2017 : acculée dans une impasse, tapie, affolée après une course folle vers la liberté après que la porte de sa cage a été ouverte par accident. Elle a fui, dans cet univers urbain terrorisant pour elle. Elle s’est aplatie et ne menaçait personne. Par un simple tir anesthésiant, elle aurait pu être épargnée. Mais c’est à balles réelles, par trois fois, que son dresseur « reconnaissant » a mis fin à ses jours.
Selon nous, il ne s’agit là que d’un lâche assassinat. Plaise au tribunal de police de Paris d’en juger, hélas trop tard.
La persévérance paie
Comme dans le cas de Maya, la victoire pour Lechmee prouve qu’il ne faut jamais baisser les bras. Plusieurs autres procédures sont en cours (les éléphantes Dumba, Baby, Nelly, Brigit, Samba, Mina et Kamala peuvent compter sur nous !), les fauves sont aussi concernés. Où sont donc Chirkane et Elyo, lions du Buffalo Circus, alors qu’un rapport d’inspection (obtenu par voie juridique via dépôt de plainte car les autorités rechignent à le communiquer) dénonçait l’état alarmant de ce dernier ?
Quel avenir pour Sirius, cantonné par La Piste aux étoiles dans un espace ridiculement étroit, et pour Sultan, que nous continuons à rechercher ? Nous défendons aussi la mémoire de la tigresse Mévy, lâchement abattue par son dresseur dans une impasse parisienne alors qu’elle ne mettait personne en danger (voir encadré). Vigilance ! Si le célèbre cirque Pinder a été placé en liquidation judiciaire en mai dernier, Frédéric Edelstein, dresseur et ex-propriétaire, ne se résout pas à libérer ses fauves et les exploite désormais en free-lance dans d’autres cirques !
Le combat continue donc… Plus que jamais, One Voice demeure la voix des captifs et nous sommes bien résolus à avoir le dernier mot !


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