One Voice agit déjà pour les chats sans famille, avec des sauvetages, des stérilisations, en poursuivant en justice leurs tortionnaires, et en sensibilisant le public et les politiques à ces vies de misère, sans abri. Mais il faut aujourd’hui faire plus…
Le 27 février dernier a eu lieu la Journée mondiale pour la stérilisation. Partout, la surpopulation féline est dramatique. Pour One Voice, l’errance des chats, qu’ils soient nés dans la rue ou abandonnés, est l’un des combats de longue haleine les plus terribles qui soient. Le nombre de victimes ne cesse de croître, et voilà des années que les pouvoirs publics tardent à enclencher les mesures qui s’imposent. Leur inertie, des mesures d’éradication aussi cruelles qu’inefficaces, font écho à la détresse des refuges, submergés. Pour One Voice, cette situation n’a que trop duré. Il est temps d’engager un véritable plan national contre l’errance féline, et voici pourquoi.
Ces chats oubliés devenus nuisibles
Les chats errants seront bientôt aussi nombreux que les 13 millions de chats vivant dans des familles en France. Autre indicateur inquiétant : depuis 2007, les inscriptions des chats de race au Livre des origines (LOOF) ont plus que doublé.
Inévitablement, cela se traduit par un nombre plus grand de félins perdus ou abandonnés, livrés à eux-mêmes, non stérilisés, entretenant démographie et misère des chats.
« Les stérilisations sporadiques ne suffisent pas. Il faut un plan structuré de stérilisation systématique. »
Ils sont malades, cachés, rarement confiants dans l’humain qui, souvent, les a abandonnés ou maltraités. C’est une population de sans-noms, qui ne dispose d’aucun soin, qui souffre dans l’indifférence, derrière nos portes closes. Pourtant, leur sort est étroitement lié à celui des chats de famille. Car même ces derniers font deux fois moins l’objet de soins vétérinaires que les chiens. Ensemble, ils partagent des maladies, ensemble, ils font naître des milliers de chatons… À l’origine de la problématique de l’errance, il y a l’irresponsabilité de certains humains. Et pour endiguer le phénomène, les stérilisations sporadiques ne suffisent pas. Il faut un plan structuré de stérilisation systématique.
Sans identité et face à l’intolérance
Le constat est partout le même sur le terrain. Les équipes de notre Cellule Zoé vous en parlent dans ce magazine : l’errance féline est un problème qui engendre des situations critiques, des concentrations au-delà desquelles les maladies se propagent plus vite et sont plus difficiles à guérir. Il y a aussi les actes barbares qui sont perpétrés contre ces animaux sans identité officielle, si difficiles à défendre en justice car « sans propriétaire », à quelques exceptions près, comme Chevelu. Si ce dernier a bénéficié d’une exceptionnelle couverture médiatique grâce à la pression associative, et si son tortionnaire a pu être condamné, combien d’autres meurent lapidés, tirés à vue, brûlés vifs par jeu, dans l’indifférence et l’impunité ?
Depuis 2012, l’identification des chats est obligatoire (article L212-10 du Code rural) mais tant de « propriétaires » passent outre ! « 90 % des chats qui arrivent en fourrière ne sont pas identifiés, nous explique une responsable. Seuls 2 ou 3 % des animaux peuvent retrouver leur famille. »
« Il y a dix ans, on avait 15 chats dans la chatterie, aujourd’hui nous en avons 80. »
Aidant les chats perdus à retrouver leur foyer, l’identification permet aussi de se prémunir contre les enlèvements volontaires, en recrudescence : « Maintenant, quand on nous amène un chat, bien souvent il appartient à quelqu’un ! On capture les chats des voisins et on nous les amène car on ne veut plus les voir. S’ils ne sont pas identifiés, il nous faut enquêter », rapporte un refuge des Charentes !
Refuges saturés, difficiles adoptions
Parmi les acteurs de la protection, il devient matériellement difficile de faire face à l’afflux de pensionnaires. « Il y a dix ans, on avait 15 chats dans la chatterie, aujourd’hui nous en avons 80. Nous avons déjà transformé l’un des boxes pour chiens de la fourrière en box pour chats et le bureau a également été transformé en chatterie. On ne sait plus où les mettre… », nous confie une responsable.
Les pics d’afflux de chatons sont aussi problématiques : les soins aux juvéniles ont un coût très lourd pour les associations, et ils sont souvent préférés à l’adoption, laissant sur le carreau les chats adultes déjà recueillis… « La population continue d’augmenter car les gens ne sont pas responsables : ils ne font pas stériliser leurs chats », souligne la responsable d’un refuge normand. Or la cote d’alerte est atteinte (voir encadré ci-contre).
Des abattages massifs
Le réflexe est tenace. On le voit à l’oeuvre dans toutes les grandes manifestations sportives, Jeux olympiques et Coupes du monde : pour faire place nette, les organisateurs emploient des sociétés privées pour l‘élimination des animaux errants. Paris l’a déjà prévu pour 2024… Ces plans d’extermination sont honteux. On ne peut parler ici d’euthanasie, qui est l‘abrégement des souffrances. Ce à quoi nous sommes confrontés, c’est bien à un abattage massif pour convenance humaine. Des centaines de milliers de chats sont concernés chaque année en France, envoyés en fourrière dans le cadre de politiques communales inadaptées.
« Ce à quoi nous sommes confrontés, c’est bien à un abattage massif pour convenance humaine. »
Lorsqu’un chat est abattu, un autre prend vite sa place. La seule solution à l’errance est un plan de stérilisation de grande ampleur. Celui-ci permettrait non seulement d’enrayer les naissances, mais aussi de limiter la propagation des maladies.
Le guide sur les fourrières, édité par le ministère de l’Agriculture à destination des maires, stipule clairement que le devenir des chats errants conduits en fourrière « se réduit à l’euthanasie ». Il souligne également que cela n’est pas une solution durable, et propose comme alternative leur identification, stérilisation et relâchage…
Pour un plan national d’urgence
L’abattage des chats en bonne santé n’est pas tolérable. Il est primordial d’éviter les naissances et les abandons pour traiter l’errance féline à la source. One Voice s’engage donc dans une démarche d’ampleur.
Si l’on veut enrayer la spirale du malheur, il est indispensable de rendre obligatoire la stérilisation des chats, conjointement à une campagne forte d’éducation pour qu’ils soient mieux connus, compris et réhabilités. En complément, nous poursuivons le travail pour faire interdire leur cession par petites annonces, les ventes en animaleries, pour réprimer sévèrement tout abandon et faire appliquer, enfin, les règles d’identification des animaux.
One Voice va demander à l’État de prendre en urgence des ordonnances en ce sens, et accompagner les mairies, grâce à son programme Chatipi, dans la mise en place de structures d’accueil pour les chats sans abri, qui doivent être rendues obligatoires.
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